23/05/2011 21:21

J01

Position le 23/05 à 1800 UT : 32°23N, 64°41W
Position le 24/05 à 1100 UT : 31°58N, 62°39W
Position le 24/05 à 1700 UT : 31°47N, 61°49W

Distance parcourue sur les dernières 23H : 146 MN
Moyenne sur les dernières 24H : 6,35 kts
Vent moyen sur les dernière 23H : de 10 à 25 kts (SE - E)
Distance totale à parcourir > Açores : 1800 MN
Distance parcourue depuis les Bermudes : 146 MN
Distance restant à parcourir pour les Açores : 1667 MN
Reccord de vitesse (surf) : Néant (au près)

Séquence pêche :
17/05 : Néant
Séquence émotion :
18/05 : Néant
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Rapport de notre 1ème jour de mer fait par nos coéquipiers Yves et Olivier :

Lundi 23 mai
Ca y est ! Premières manœuvres nocturnes !  Prise d’un 2ième ris par 20 nœuds
de vent à 70° du vent.  Les petites lampes frontales font merveilles : sans
elles ce serait vraiment galère ; au près serré à 8 nœuds de vitesse le bateau
saute les vagues  maintenant de biais et il tape comme marteau sur son clou ;
un peu de lumière ne fait donc pas de mal pour arriver au pied du mât sans se
prendre les pieds dans son harnais, et distinguer la drisse de grand-voile de
la bosse de ris, de la balancine ou de tous les autres bouts sur lesquels il
faudra – ou ne faudra pas – tirer.
Les aventures ont donc repris sur un mode plus nautique.  Nous avons
finalement quitté Sint Georges aux Bermudes à 15h00 locales pour partir à
l’assaut de l’Atlantique.  Décision difficile à prendre dans un climat où tous
les bateaux réunis aux Bermudes sont dans l’attente de conditions clémentes
pour entreprendre la traversée.  Entendez par conditions clémentes, «
conditions idéales », ie un anticyclone des Açores placé bien plus bas qui
permettrait de rejoindre les Açores poussé comme une luge par des vents de 15
à 20 nœuds.  Au lieu de cela l’anticyclone, encore très haut pour la saison,
nous amène à rencontrer, sinon pétole, des vents d’Est particulièrement
contraires à notre avancée logique.  C’est  sans compter sur la grande science
de Sylvie, notre Reine du routage, confidente intime d’Eole…
Après 2 journées complètes au moteur, nous sommes donc arrivés aux Bermudes le
21 mai à 11H00, ravis de revoir une bande de terre ferme, quelques magasins,
un bar ou l’autre et de nombreux marins, tous très loquaces en NL, A, S pour
décrire l’état déplorable de la météo transatlantique en cette mi-mai et
parler de leurs aventures ou de leur projet de vie.  Sint George a ceci de
comique que tous les bateaux à voiles réunis dans cette crique le sont pour la
même raison : c’est le dernier tremplin pour les Açores, prononcer en Anglais
« ezoooorres », et  tous les marins attendent donc la même chose : les vents
portants !  La rumeur de la rue n’est pas optimiste : qu’elle soit
hollandaise, allemande, espagnole ou anglaise, l’attente va se prolonger.
C’est sûr :  4 jours, 1 semaine, 1 mois, peut-être plus !
Sylvie a pourtant trouvé une petite porte ouverte sur l’atlantique le matin
même de notre arrivée.  Benoît sur TUVAOU, un Outremer 45 comme nous, en a
profité, et pris la poudre d’ecampette à 3H00 du matin conscient de devoir
remonter très au Nord pour trouver les vents portants.  Aujourd’hui, son
équipier et lui progressent dans des conditions difficiles mais la vue d’une
baleine à 3 mètres du  bateau leurs a donné une pêche formidable.  Nous
aurions pu les suivre et leur donner la chasse le jour même.   Leur avance de
8h00 nous paraissant insuffisante nous avons préféré  installer Teoula…
confortablement le long du quai et revivre oralement, une bière à la main, les
derniers jours de notre traversée Nassau – Bermudes. Derniers jours que, pour
des raisons qui m’appartiennent et qu’il vous viendra de comprendre plus tard
dans le récit, je m’en veux reprendre avec un peu de retard.
Jeudi 19 mai, vendredi 20 mai.
Une journée au moteur sur une mer plate, quasi d’huile.  Les 5,5 nœuds
auxquels nous poussent le bateau nous laissent rageurs de constater combien la
surface de la mer est parsemée de déchets plastic en tous genres.  Des
bouteilles de Vitel !  Fond aplati émergeant de l’eau tel le tricorne du
Maréchal Ney – en plus boursoufflé - et, immergé,  le reste du  flacon aux
formes  intactes, bouchonné par un individu assez vicieux pour l’avoir rempli
d’un liquide plus lourd que l’eau et le forcer ainsi à se présenter partie
plate vers le haut.  Pour en faire une girouette aquatique ? Pourquoi ainsi
tous les 300 m +/- ?  Suivrions-nous une croisière du troisième âge en pleine
activité bricolage ?  Plus curieux encore : le Maréchal en fin stratège
n’indique que rarement la direction du vent ?!?  On scrute aux jumelles
l’horizon pour y dénicher le paquebot coupable d’où seraient jetés les
indélicates énigmes.  Rien ! Pas la moindre fumée à l’horizon !
Aurions-nous affaire à une espèce animale ?   Denis  se  plonge dans ses
grimoires à la recherche d’une éventuelle résurrection du plastic en magma
vivant, et à la surprise de tout l’équipage en revient triomphant avec la
photo d’une Physalie !  On sort le filet de la soute, on en remonte une sur le
pont et observons de près ce mollusque étrange, bigorneau géant privé de
coquille, gonflé d’un croissant transparent prêt à exploser, visqueux comme un
poulpe,  coloré comme des viscères fraîches.  En voilà déjà un qu’on ne
mangera pas !
Pas plus que les poissons qui négligent obstinément nos leurres pourtant si
prometteurs…
La dernière montée en vrille de nos moulinets remonte à la veille.  Olivier
avait décidé de revisiter la totalité du matériel.  Il avait  changé les
leurres au profit de mannequins bigarrés, mi-plongeant, mi- flottant, modifié
les émerillons et rattaché les bas de ligne à l’aide d’un nouveau nœud
infaillible découvert dans le marabout flash du parfais pêcheur à la traîne.
Du solide ! Cerise sur le gâteau il a sucré l’hameçon d’un magnifique poisson
volant encore chaud de s’être étouffé sur le trampoline du catamaran.  Tout
est en place… le piège peut se refermer !  Il ne faut pas une demi-heure pour
que le moulinet parte en vrille et annonce par la vigueur des départs et
arrêts de fil, le ferrage d’une toute grosse prise.  Notre équipier, munis de
son harnais, saute sur la canne et, le temps de ralentir Teoula  active la
manivelle pour freiner le fil, fatiguer la bête et commencer la remontée du
molosse.
La courbure de la canne et les efforts entrepris par Olivier pour raccourcir
le fil laisse imaginer la stature musclée du thonidé.  Musclé, notre ardennais
l’est aussi, et c’est maintenant dans une position quasi cycliste que, le cou
et l’échine tendus,  il mouline petit à petit, petit appétit, et ramène
doucement, patiemment, le fil dans la bobine.
Mais le malheureux au bout de l’hameçon est un rusé ! Un renard des mers !
Alors qu’Olivier pédale vigoureusement et qu’une fumée bleue s’échappe de tous
les roulements de la canne, le rythme s’accélère et la tension baisse.  Notre
vertébré  aux branchies jouant de sa puissance pour diminuer la tension
remonte ainsi le long du fil et parvient jusqu’à l’émerillon où son œil vif
tombe sur  le nœud infaillible.  S’aidant de ses nageoires pectoraux, il ne
lui reste plus, le filou, qu’à dénouer le savant breulage qu’en bon lecteur de
Marabout Flash il ne pouvait ignorer.  C’est à quelques mètres de Teoula que
la tension s’est subitement relâchée et qu’Olivier sous les yeux dépités de
tout l’équipage a sorti de l’eau une crolle de nylon pour tout vestige du
combat.
On a examiné l’indice, refait le nœud maintes fois, en mime, en vrai, par
l’un, par l’autre.  Non sans aucun doute : ce nœud était parfait,
irréprochable ! Il n’a pas pu lâcher…
Il est des poissons que l’on ne pêche qu’à la carabine…
Pour nous consoler Olivier nous a fait des pancakes.  Au sirop d’érable.  Et
parce que la nature est généreuse elle nous a envoyé quelques dauphins venus
jouer devant l’étrave de Teoula.
Les nouvelles de la météo ne sont pas bonnes.  Sylvie n’est pas optimiste pour
une sortie le 21… tout semble bouché. A moins d’arriver très tôt.  Mais nous
sommes tous d’accord pour faire une petite pause aux Bermudes.
Bref, nous aviserons demain.

 

 

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Dernière mise à jour le 15 juillet 2011