16/05/2011 20:58

J02 - J03

Position le 16/05 à 1700 UT : 25°37N, 76°19W
Position le 17/05 à 1700 UT : 27°04N, 77°20W

Distance parcourue sur les dernières 24H : 138 MN
Moyenne sur les dernières 24H : 5,75 kts
Vent moyen sur les dernière 24H : de 5 à 25 kts (SSW - SE - S)
Distance totale à parcourir > Açores : 2582 MN
Distance parcourue depuis Nassau : 200 MN
Distance restant à parcourir pour les Bermudes : 594 MN
Distance restant à parcourir pour les Açores : 2382 MN
Reccord de vitesse (surf) : 13,5 kts

Séquence emotions
17/05 : Une 50 aine de dauphins nous accompagne durant une 1/2 heure

 16/05/11

Départ de Spanish Well, sortie au moteur par temps ensoleillé et bon vent de 15
nœuds bien établis.  Un dauphin nous guide vers la sortie en jouant dans
l’étrave de Teoula.  Un vrai dauphin : type flipper, aimant les eaux claires,
peu profondes et chaudes.  Il joue de l’avant à l’arrière du bateau et fait
connaissance de tout l’équipage.  Quel spectacle !  Un bon présage !
Passé la barrière de corail, nous hissons la grand voile.  Un ris de prudence
pour ne pas se faire embarquer par les  20  nœuds bien établis et surtout pour
anticiper sur les « slechte onweer » annoncés par la famille d’hollandais qui a
levé l’ancre une heure plus tôt que nous.  Sylvie, notre routeuse et
prévisionniste météo en poste à Bruxelles, nous a également mis en garde.
Cette fois, c’est parti !
Sous gennaker nous frôlons les 12 nœuds dans un paysage ci-ensoleillé, ci-
menaçant.  L’œil sur  quelques nuages gris, voir noirs, qui se rapprochent.
Tout cela ressemble de plus en plus à un front dépressionnaire… je dirais même
plus à un orage !  Le temps de rouler le gennois et de le remplacer par le
solent, le paysage se métamorphose.  Le tonnerre claque à proximité de nous.  La
pluie se déchaîne.
Denis s’enthousiasme : « tiens c’est la 1ère fois que j’ai de l’orage » ! Le
masse noire est passée au-dessus de nous et le vent tantôt à 20 nœuds, redescend
vers 15 alors que la pluie bat de plus belle lissant la surface de la mer pour
en faire une meringue aux formes ramollies.  Courte durée, le vent remonte… 22,
24.  J’abats de plus en plus pour fuir le front qui est en train de nous passer
dessus… 26 nœuds de vent, puis 30 !  ouille, l’abatée ne suffit plus, on relâche
la grand voile.  La pluie a cessé, la mer est plus découpée et les étraves de
Teoula viennent frapper la houle en faisant gicler l’écume dans le trempolinne.
Yes ! Le front a l’air de partir vers la gauche, nous remontons au près pour
s’en écarter… trop vite à son goût.  Et vroum, nous voilà repris dans des vents
de 20 à 25 nœuds.  Un nouvel éclair suivi d’un claquement sec ! Paf ! Pour
éviter la mésaventure de Clo-Clo dans sa salle de bain, nous enfilons nos
chaussures à semelles de caoutchouc… on ne sait jamais !  Refuite en abattant.
Zut, voilà qu’on longe ce rideau de vents instables.  Tant pis, on remonte au
vent pour le laisser passer.  Les étraves se remettent à danser.  OUaaouhh !
L’aventure commence ! Je reprends pour moi le cri de ma fille Coline lorsque son
enthousiasme déborde ! OUaaouhh !
On a donné pour la journée. Le front orageux maintenant sur notre gauche, le
ciel dégagé nous rend de beaux paysages, une lumière limpide et une mer d’un
bleu encore jamais vu.  Nous reprenons notre route avec le génois, et la grand
voile pleine.  C’est  à 10 nœuds que nous mettons les 2 cannes à pêche à poste,
chacune munie d’un calamar en latex fluo aux couleurs bigarrées et dont les
franfreluches masquent un hameçon deux fois gros comme mon pouce.  Tonidés de
tous types ; par ici !  Tonidés malingres en-dessous de 10 kg ; passez votre
route !  Dorades de 11 à 50 kg ; welcome on board !
Olivier, notre maître cuistot, est à l’affût de ce qu’il pourrait rissoler.
C’est pas vrai que très vite, les moulinets s’affolent.  Et pour ceux qui n’ont
jamais vécu cela il suffit de se rappeler le bon temps  où, en se couchant,
assis sur le bord du lit à la lumière de chevet, nos parents remontaient leur
réveil mécanique.  Grr, grrr, grrr, chtink !.  Quand le poisson mord le leurre,
une fois crocheté, il emmène le fil avec lui, et, selon la taille du poisson, le
grrrr du réveil, peut faire jusqu’à un sifflement mécanique qui donne du
sssssstttttttttttttttttttttrrrrrrrrrriiiiiiiiiiiiiiiiiIIIIIIIIIIhhhhhh.  La
plupart du temps interrompu par des moments de silence, symptômes de
l’intelligence, la fatigue ou la surprise de la bête.
Dans le cas présent : rien de tout cela !  C’est pas un Grrrr !!, c’est une
sirène !!! Olivier  enfile son harnais pour y loger le pied de ligne et remonter
la prise, tout en laissant filer le fil.  Avec Denis nous nous activons à
ralentir le bateau pour ménager fil, canne, poisson et pêcheur. Concentrés sur
l’horizon et l’étrave du bateau, le sifflement du nylon qui s’échappe et la
fumée bleue montant des rouages de la canne, nous amènent à imaginer l’Espadon
ailé de plus de 2 mètres  bondissant rageusement 300 mètres derrière le sillage
de Teoula.  Olivier –affairé à mouliner-  freine à peine la perte du fil.  Et
c’est bien dommage ! Il verra sous ses yeux les derniers centimètres de lien
s’échapper de la bobine et le quitter dans une brève détonation !  Paf !  Foutu
l’espadon !  Reste une canne, orpheline de sa majorette en silicone et des 300 m
de fil pendus à la lèvre d’un poisson bien téméraire.
Tout est à refaire.  Ceci dit, et renseignements pris, la remontée d’un tel
monstre s’avère très délicate même pour des pêcheurs chevronnés !  Il n’est pas
rare de terminer la lutte avec un équipier éventré .
Nous  décidons donc de nous rabattre sur des proies ayant moins d’impact sur
l’éco-système.
 Et ça marche !  Olivier -encore lui-, parvient encore une fois à faire
grrrrrrrrogner sa ligne.  En saccades cette fois-ci.  Très espacées. Trop ?
La vigueur qu’il met à remonter la ligne voit notre enthousiasme baisser au même
rythme que le paquet d’algues qui s’approche du bateau…  Mais sous les algues…
un magnifique poisson anonyme, d’au moins 1 kg !  Cette fois, nous tenons notre
repas !  Denis, passé maître dans la découpe  de fins filets range ceux-ci
délicatement  dans un sac surgelés. Et zip !  Direct au frigo.
L’après-midi n’est plus qu’un songe pour Olivier qui la passera assoupi à
méditer au menu gastronomique qu’il nous servira ce soir : carpaccio d’orange au
vinaigre balsamique et poivre de Madagscar.  Filets d’anonyme au beurre et
citron.  Bananes flambées au rhum et miel.
Teoula poursuit sa route vers les Bermudes et gagne rapidement en degrés Nord ;
25°30 tout en perdant en Ouest 76°17. Neuf nœuds de moyenne pour un vent de 12
nœuds !??? Un tel rendement serait dû au Gulf Stream qui nous porterait dans la
bonne direction pour un à deux nœuds.  Chers auditeurs : vous avez un avis sur
la question ?  Votre opinion nous intéresse !  Appelez-nous en direct sur notre
iridium 881833167897, ou, plus économique, envoyez nous un mail ou sms.  Des
cadeaux (poissons) sont à gagner tout au long de la journée (en fonction de la
pêche)!
Nous dégustons le menu promis à la lueur de la lampe à gaz, du clair de lune et
des éclairs de chaleur que débitent, silencieusement, de gros cumulus tout
autours de nous, loin sur l’horizon et en altitude.   Assez en tout cas pour ne
pas nous inquiéter, même si ce feu d’artifice nous laisse perplexes !  Chers
auditeurs…  C’est dans cette ambiance et l’essuie vaisselle en main que nous
organisons les quarts.  Trois h trente chacun, Olivier commence jusqu’à 1h00 du
mat.  Denis suivra, et Yves assistera au lever du soleil.
Après une heure de vigile Olivier met le moteur gauche en route.  Le vent a
molli.  Vroum ; 2.200 tours ; 5,2 nœuds ; 3 litres de mazout à l’heure.  Sylvie
nous promet de meilleures conditions pour la matinée du 17.

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Dernière mise à jour le 15 juillet 2011