28/05/2011 21:42

J06

Position le 28/05 à 1700 UT : 37°29N, 58°00W
Position le 29/05 à 1100 UT : 38°57N, 57°16W
Position le 29/05 à 1100 UT : 39°20N, 56°54W


Distance parcourue sur les dernières 24H : 136 MN
Moyenne sur les dernières 24H : 5,67 kts
Vent moyen sur les dernière 24H : de 15 à 25 kts (ESE - SE)
Distance totale à parcourir > Açores : 1800 MN
Distance réelle parcourue depuis les Bermudes : 889 NM
Distance directe parcourue depuis les Bermudes : 563 MN
Distance directe restant à parcourir pour les Açores : 1317 MN
Reccord de vitesse (surf) : Néant (au près)

Séquence pêche :
Néant
Séquence émotion :
Néant
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Rapport de notre 6ème jour de mer fait par nos coéquipiers Yves et Olivier :

Samedi 27 mai
(y) Depuis notre départ de Sint Goerge Teoula a opté pour une route Est,
tournant de plus en plus Sud-Est, nous éloignant donc de l’objectif.  Pour mieux
rebondir, puisqu’après 2 bonnes journées bâbord amures, nous virons : tribord
amures (le vent vient de droite dans la voile… rien de bien chinois).  Attention
!  Lorsque vous êtes malade ce petit détail relève toute son importance.  Il
conviendra donc, en cas de spasmes, de choisir le côté sous le vent.
Evidemment, si on vire tout le temps ; faut pas s’étonner que dans la
précipitation le vent vous rappelle – pour la 3ième fois – le goût du repas.
C’est donc ce qui m’est principalement arrivé passé le 2ième jour de navigation.
Cela m’a valu les plus prévenantes attentions d’un équipage dont une des
valeurs sures est sans conteste la bonne humeur et la capacité de s’entendre en
toutes occasions.
C’est important !  Car vous l’aurez compris, cette traversée-ci a perdu toute
ambition de battre le record de Bidegorry, son trimaran et son équipage sur-
entraîné : moins de 4 jours pour traverser l’Atlantique à la voile !
Notre problème à nous, c’est le vent !  Trop froid, trop chaud, trop Est, trop
Ouest, trop fort, trop faible.  Et la houle !  Celle-là aussi, derrière son côté
romantique, cache de sournoises malices.  Dès que le bateau prend de la vitesse
au vent (il nous faut remonter le plus possible au vent et donc prendre la houle
plus frontalement…) elle joue avec la coque une harmonie de percussions qui nous
donne à entendre tous les sujets.  Tout commence par le carré !  Le bateau étant
un catamaran aux coques reliées par un fond de polyester (on y habite), celui-ci
vient immanquablement  frapper de son plat la crête des vagues qu’il rencontre.
Nous parlerons de la grosse caisse.  Un coup brutal toute les 2 minutes !
Accompagné d’un soulèvement impressionnant de la table.  Les variations
phoniques dépendantes de ce qu’on y a abandonné, un petit juron n’étant pas à
exclure s’il s’agit du thé bouillant fraîchement déposé.  La colonne de la table
abritant, pot de confiture, condiments, rhum et sucres de canne – tous récipient
exclusivement en verre- son trilot est continu et le coup magistral n’est pour
elle qu’un vulgaire coup de cymbale.
Les cuivres sont présents un peu partout : les râpes à fromages sous l’évier
donnent le ton au charleston de façon irréprochable, les cuillères, louches,
couteaux gringrelottent sans se fatiguer.  Le clou venant d’un doux mélange
entre l’instrument à vent et la timbale.  Le bouchon du vide-ordure, un tube de
15 cm de diamètre et d’un petit mètre de profondeur, explose dans l’habitacle
expulsé par la compression de l’air repoussé dans le tube par une arrivée sur la
vague du ventre de Teoula.  Pouffff- Paf- toquetoquetoquetoc… !   On remet le
bouchon qui ressaute de plus belle (1x/4 minutes).  Ah oui ! sinon on entend
l’océan couler en direct dans le carré.  Denis a bien essayé de le coller avec
du scoth hyper grip.  Sans succès.  A toutes ces résonances rythmées il faut
bien sûr rajouter le ballet que fait le bateau en attaquant le vagues croisées
et courtes ou – plus joli – en descendant et remontant des vallées de 6 à 7
mètres de creux.
Pour ceux qui voudraient essayer : placer votre bureau (la partie immobilière)
sur 1 vérin hydraulique à chaque coin.  Prévoyez un débattement d’un mètre pour
chacun et veillez à ce qu’ils se déploient et se contractent, sans logique entre
eux à un rythme soutenu.  Là-dessus : essayez de répondre à vos mails.  C’est ce
que Denis fait très bien !  Chapeau le skipper…
[O]21h50 heure locale (déjà dimanche 00h57 TU) – 38°06’.056N – 057°32’.060W
Mon quart à commencé voici une heure… et par petites touches de 1° ou 2°, pour
gagner en cap vers l’Est ; en restant à une vitesse de +/- 5 - 5,5 nœuds, pour
ne pas monter trop vite et être trop Nord demain soir au moment de la bascule du
vent vers le Sud ; afin d’attraper les bons vents, pas trop forts, Sud dans la
journée du 30 puis Sud Ouest puis Ouest dès le 31… Deux coups de barre à bâbord,
un coup de barre à tribord… Le vent n’est pas très stable, ni en vitesse ni en
direction. Heureusement, notre précieux Ray me fait la causette (vitesse du
vent, direction, etc.) et gère tout cela pour moi avec la précision d’un
orfèvre… Je n’ai qu’à lui indiquer de l’index, par une simple petite pression,
la correction qui me convient. D’accord, c’est moins romantique. L’heure est
grave : un coin du voile se lève, une partie de la légende s’effondre  pour
ceux qui nous imaginaient en ciré, à la barre, avec nos lignes de vie comme fil
d’Ariane…
[Minute de silence et de recueillement]
Alléluia !
Ce matin, divine surprise ! Le mail de Sylvie qui nous « route » depuis
Bruxelles nous annonce … un mieux pour bientôt… Les 30 et 31… Une bascule
complète des vents (comme je vous le disais plus haut). Ouf ! Les deux lascars
là haut se sont enfin mis d’accord ! Faut dire qu’ils nous avaient vraiment dans
le pif, jusqu’à nous y mettre le vent et la houle…  Il nous faut juste encore
encaisser un peu et prendre notre mal en patience durant quelques pairs
d’heures… Nous remontons donc toujours Nord vers le 40ème « espérant ».
Cette bonne nouvelle nous vaut une visite à bord. Tous guilleret, notre skipper
vient en effet, après un premier ancien champion de renom convié (presque) à
bord par Yves (vous vous souvenez du petit Sélassié ?), d’inviter Yannick à se
joindre à nous pour un petit extrait musical dont il a le secret depuis sa
reconversion des cours de tennis. Pour ma part, je me souviens avoir vu quelque
part une pâte de piment… Et me prête à rêver d’une allure plus confortable qui
me permettra de mitonner - oignons, haricots verts, poulet, lait de coco (zut as
t »on du lait de coco ?), … et quelques secrets du chef … - un curry vert de
poulet au lait de coco.
Au fait, le grand gagnant au jeu : « faites une offrande à Poséidon et Eole »
est : le thermomètre du moral de l’équipage ! D’ailleurs ce soir petit apéro :
cuba libre, chips et carottes à gogo.
Mais en attendant, ca ne rigole toujours pas… 22 nœuds bien installé avec des
pointes à 27 toujours Est… Sorti de sa couchette par le doux chant de la houle
caressant la coque, Denis à la manœuvre Lâché de rail de grand voile, relevé de
dérive, on abat plus Nord… beaucoup plus…
23h45. On sors avec Denis pour prendre le 3ème ris.
Minuit heure locale, un dernier coup d’œil à l’extérieur comme toutes les 20
minutes pour s’assurer que nous n’avons pas de visiteurs nocturnes… Car si pour
les plus imposants Ray veille au grain, pour les condisciples de notre Teoula,
une veille à vue est nécessaire.
RAS. Ah si, un tanker à 12 milles, sur une route convergente. Il file 16 nœuds,
probablement en cap direct. On aimerait être à sa place. Après-demain… Inch
Allah.
Je vais réveiller Yves et lui cède bien volontiers ma place encore chaude à la
table à carte. Moi je vais rejoindre ma couchette, bercé (hum) par le
tintamarre, euh pardon, la symphonie décrite plus haut.

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Heure universelle TU :
Dernière mise à jour le 15 juillet 2011